Après trois jours de bourlingue musicale entre terre et mer, le Festival du Chant de Marin de Paimpol a tiré sa révérence sous un soleil aussi radieux que la playlist éclectique de cette édition 2025. Entre mélodies celtiques, blues des abysses, rock, et chansons à texte, le port breton a vibré au rythme d’artistes venus d’horizons improbables – et c’était tant mieux. Avec ses 200 bateaux anciens exceptionnels, ses groupes de rue, son village d’exposants, ses animations, et ses 7 scènes, cette seizième édition a mis le Québec à l’honneur pour les 170 000 festivaliers présents sur les quais du joli petit port paimpolais.

Vendredi, entre 2 bières et 3 crêpes (ou l’inverse), on se dirige vers la grande scène pour découvrir de quel grand écart est capable le programmateur. Journée tranquille avec les traditionnels Marins d’Iroise, puis interceltique Carlos Nuñez. On élargit le cadre avec les 2 frères stéphanois de Terrenoire, et on s’écarte encore avec la douce Ayo, accompagnée d’un piano et d’une contrebasse, qui présente son nouvel album comme une caresse après l’averse. Un concert sublime de délicatesse, de sourires, d’anecdotes et d’émotions. A peine le temps de gouter le chouchen local qu’on enchaine avec Alan Stivell, le druide qu’on ne présente plus, qui rappelle à tout le monde que la Bretagne est une terre de magie. Même les touristes allemands ont tenté un fest-noz improvisé. Changement d’ambiance avec Lynda Lemay et son charmant accent et ses chroniques de la vie ordinaire. On serait bien restés pour écouter les Limiñanas et leur rock psychédélique, mais il était vraiment trop tard. Un concert qui commence à 00h45, c’est un peu too much.

Samedi, on a séché le premier concert pour être en forme pour le retour de Miossec. Après 2 ans d’absence, avec son air de loup de mer ou de marin mélancolique, le Brestois et ses 2 musiciens (bretons, c’est lui qui le dit), a été émouvant, simple, souriant, heureux d’être là. Et nous aussi. Place au blues créole de Delgres, et virage à angle droit avec Gwennyn, qui, comme son nom l’indique, représente la Bretagne. Et bam, on repart à contresens quand la nuit tombe avec Fatoumata Diawara, la déesse nigériane et son afrobeat, sa voix envoûtante, ses danses, ses costumes et sa guitare hypnotique. Marche arrière toute, et de sont les bretons qui reprennent le micro : l’emblématique Denez, suivi de Quinquis et son électro raffinée.

Dimanche, les galoches pleines de poussières et les yeux un peu fatigués, on écoute de loin les embruns des Souillés de Fond de Cale, de Brise Glace et de Solas. Vite, une la galette saucisse locale et on se prépare à la « révolution du dancefloor » de Soviet Suprem. Une dinguerie de rock-punk-rap-balkan et d’humour qui rougit les quais et fait danser et sauter la foule (il se dit que même les bateaux ont marqué le rythme). -Pour les nostalgiques de Java, c’est toujours un plaisir de retrouver le flow d’R.Wan. Après cette débauche d’énergie et de rires, nous zappons la québécoise Klo Pelgag et revenons pour Emily Loizeau pur jus, poétique et imprévisible. Vient enseuite le reggae engagé de l’ivoirien Tiken Jah Fakoly, un presque classique désormais, qui a traversé toute la France cet été au gré des festivals, et Bleu Jean Blues , une dernière note québécoise pour terminer.

Verdict ? Une édition 2025 réussie : avec une météo clémente (oui, même en Bretagne, ça arrive), le festival a gardé son âme traditionnelle tout en se payant le luxe d’un petit coup de jeune décalé. Une ambiance joyeuse et festive, pour toutes les générations, toutes les oreilles, tous les goûts.

Une parfaite réussite.

Texte et photos Sandrine Cellard

L&T Le 18.08.2025