interview

Lucie Sue
Rencontre aujourd'hui avec Lucie Sue, une artiste un peu à part dans ce monde de la musique. Elle est passée par beaucoup de chemins avant d'arriver à la musique. Mais désormais, elle est là, avec un album aussi intéressant et déroutant que son parcours. De l'humour, beaucoup d'envie et de passion, une optimiste et une battante à découvrir très vite.

L&T: Salut. Vous avez eu un parcours pour le moins atypique avant d'arriver dans la chanson, pouvez vous nous en parler rapidement ?
Lucie: Salut ! Oui c’est vrai… Je suis née dans une famille d’artistes. Tout le monde faisait de la musique. Du coup, j’ai toujours cru que c’était normal, le conservatoire, le solfège, les concerts, etc... Et puis au Lycée j’ai fait partie de groupes super cools et j’étais tout le temps entourée de musiciens, comédiens, plasticiens. Je ne me rendais absolument pas compte que j’étais dans une bulle. Ça a continué avec l’école d’Arts Appliqués, avec mon parcours de graphiste aussi. Et puis ensuite, j’ai côtoyé d’autres milieux, le skate, le surf, la mode, plus précisément le Denim. C’est là que j’ai dû freiner la musique pour pouvoir me consacrer à ce travail super prenant ( et passionnant ). Dans ce métier, il fallait être la meilleure, la plus rapide, suivre l’actualité d’un monde totalement nouveau pour moi. J’étais mariée à l’homme avec qui je bossais. Je bossais et j’élevais mes enfants. Enfermée dans un rythme effréné qui ne me laissait finalement plus de place pour la musique, et qui ne me ressemblait pas. J’étais dans l’ombre. Je me suis totalement oubliée. Je n’étais pas heureuse. J’étais totalement écrasée, fanée. J’ai plaqué mon mari, notre entreprise, j’ai déménagé, et j’ai tout repris à zero. MA maison, MON entreprise de design. MON emploi du temps. MES decisions. C’était très très chaud, car j’ai pris des risques. Je gagne la moitié de ce que je gagnais avant. Mais je n’ai jamais été aussi heureuse que depuis que je fais exactement ce que je veux, quand je veux. J’ai vécu une renaissance. Je me suis remise à ce qui était essentiel pour moi : la musique. Et aujourd’hui, j’organise mes journées entre mes enfants, mes amis, mon travail de Directrice Artistique et la musique.

L&T: Vous aviez tellement d'idées que vous avez tout posé là sur un 1er album ? On dirait qu'il fallait vraiment que tout ça sorte !!
Lucie: Oui, en gros, à part dans mes années lycée, je n’ai jamais osé composé. La musique était sacrée, et je ne m’en sentais pas digne. Et puis j’attendais aussi qu’on vienne me chercher. Et puis un jour, j’écoutais la radio, et ce qui passait, comme souvent, était vraiment mauvais. Et je me suis dit « mais pourquoi, eux, passent à la radio et pas moi ? C’est pas juste ! ». Et je me suis auto-répondu : « Parceque eux ils ont fait quelque chose, ils se sont bougé le cul, ils ont tenté… et toi t’as rien fait ». J’ai réalisé que personne ne ferai les choses à ma place et que si je devais réaliser mes rêves, n’avoir aucun regret, il fallait que je fonce. C’était maintenant ou jamais. Alors je me suis posée, j’ai pris ma guitare, et tout ce que j’avais accumulé dans cette bibliothèque de sons que j’avais en moi s’est mise à jaillir. Pour le texte, je pensais aussi être incapable, et puis pareil c’est sorti tout seul… Je suis épatée par le cerveau humain. Ce qu’on est capable de faire sans meme le savoir.

L&T: Etonnant ce titre "To Sing in French" ? Alors vous chantez en français ou pas ?
Lucie: J’ai vraiment beaucoup de mal avec le rock chanté en français. À part quelques très rares belles exceptions comme Alister et son accent parisien pur jus, Bandit Bandit, Mano Negra, Limiñanas et Johnny… c’est plus fort que moi. Ça m’horripile. C’est physique. Je n’y peux rien, c’est physique. Tous les groupes qui m’ont bercé jusqu’à maintenant chantaient en anglais. J’ai été biberonnée à ces sonorités. Alors voilà, je chante en anglais. Et je ne pensais pas que ça poserait des problèmes, que ça deviendrait un débat. Beaucoup de personnes m’ont dit qu’avec la loi Toubon, il fallait que je chante en français si je voulais réussir, passer à la radio, participer à des émissions telles que l’Eurovision, The Artist, et d’autres encore. Mais c’est pas possible. Je n’y arrive pas. Je n’en ai pas envie. Je ne me refuse pas quelques mots français, si je trouve que ça rend bien. Au contraire je trouve le mélange cool. J’en ai quelques uns dans l’album et dans les compos à venir.

L&T: C'est plus facile de poser vos idées de textes en anglais, ou bien c'est juste que votre style musical se marie plus avec le chant en anglais ?
Lucie: Toute ma vie, mon cerveau a été entrainé, conditionné comme ça. Puisque j’ai toujours écouté de la musique en anglais. Je n’ai qu’à ouvrir le robinet et ça sort tout seul.

L&T: Une reprise de Georges Michael "Freedom", c'est vraiment le sentiment que avez eu en faisant cet album ?
Lucie: Exactement. Il y a une phrase qui est très juste dans cette chanson : « because I don’t belong to you, and you don’t belong to me. » En gros, je n’appartiens qu’à moi et moi seul. C’est à moi seul de prendre les décisions qui me concernent. Et c’est une fois qu’on a compris l’importance d’être libre que l’on peut réellement se lacher, rêver, se projeter et s’accomplir.

L&T: Difficile de réellement pouvoir vous décrire musicalement tant vos influences sont nombreuses. Même au niveau du son, vous nous emmenez dans des directions tellement différentes selon les chansons. Vous-même arrivez-vous à définir votre musique ?
Lucie: J’ai toujours aimé l’éclectisme. Ne pas m’enfermer dans un style. Varier pour ne pas se répéter. Et puis, en vrai, j’ai pas vraiment fait exprès, j’ai pris ce qui est sorti de mes doigts. Les idées comme elles venaient. Je dirais que mon style est du "Rock qui marie dentelle et béton".

L&T: Comment vous avez travaillé cet album ? Vous avez joué de quasiment tous les instruments, sauf les batteries c'est ça ?
Lucie: J’ai tout composé, imaginé et interprété. J’ai enregistré les démos dans mon salon. Puis, en studio j’ai effectivement tout joué avec mon frère Baptiste. On s’est partagé le travail. Quant aux batteries, on les a confier à des pros. Parce que je me suis débrouillée sur les démos mais je n’ai pas du tout le niveau pour un studio.

L&T: Du coup sur scène, vous êtes combien ?
Lucie: Nous sommes 4. Je chante et je suis à la guitare. Laura est à la basse, Mitch à la batterie, et nous sommes en train de recruter le futur lead guitariste. Suspense ! (rires)

L&T: Quels thèmes vous abordez avec cet album "To sing in French" ?
Lucie: Ça parle tout simplement de l’évolution des ces 10 dernières années : La souffrance, la rupture, reprendre confiance en soi, la vie qui reprend, la liberté, la drague et la joie ! Le passage de l’ombre à la lumière ! Pour les textes, vous vous posez pendant des heures ou bien des fois ce sont des idées spontanées ? Plus ça vient vite, plus le texte est bon ! Plus je rame, plus c’est lourd…
Maintenant j’essaye de faire simple et efficace. Parceque c’est plus percutant et parceque il y a un paramètre important : retenir le texte ! Mon cerveau n’a plus l’âge pour cette gymnastique. Il ne l’a jamais eu en fait. (rires)

L&T: Combien de temps pour faire cet album. De l'idée à la finalisation ?
Lucie: J’ai écrit la première chanson il y a 3/4 ans. 

L&T: Un petit mot sur cette expérience avec Steel Panther. Ca aide à prendre confiance en soi ? Ca fait partie des "déclencheurs" qui vous ont ensuite permis de vous lancez dans l'écriture de votre album ? Ou bien ça traînait depuis plus longtemps ?
Lucie: J’avais déjà écrit 70% de mon album quand les auditions pour le nouveau bassiste ont commencées. Ce concours m’a permis de me dépasser pour tout ce qui était video, communication… Ca m’a permis aussi de me faire connaitre un peu plus, de progresser en basse, et de rêver. Je pensais vraiment avoir mes chances pour remplacer Lexxi. De partir habiter là-bas. Je suis arrivée en finale… sur 1600 candidatures. J’étais la seule fille. Si j’avais été eux, j’aurais pris la fille, pour mieux se renouveler dans leurs textes, pour avoir du storytelling, pour le marketing, la com etc... Quand j’ai su qu’ils ne m’avaient pas choisie, j’ai été vraiment super triste. Pendant 3 jours j’ai pleuré non stop. Et puis d’un coup, mon instinct a repris le dessus et a dit « finis ton album, feignasse ! ». Et c’est ce que j’ai fait. Je suis restée en contact avec eux. Ils sont vraiment très cools. Et je ne reviens toujours pas d’avoir joué avec eux au Hellfest. C’était un très beau cadeau de leur part. Ils m’ont prévenue 2 heures avant. J’étais à la fois hystérique et super concentrée. Jusqu’au moment où j’ai joué. J’ai lâché les vannes et je me suis lâchée ! J’avais une basse trop grande, Uns sangle trop longue, je n’avais pas de retours, je n’avais pas répété, j’ai mis quelques pains… mais j’en ai profité à fond ! J’ai fait le show ! Aujourd’hui quand je regarde les videos, j’hallucine toujours autant sur toute cette histoire. Si on m’avait dit, il y a 2 ans…

L&T: Vous avez un titre que vous avez voulu mettre plus en avant et pourquoi celui-là ?
Lucie: Non pas particulièrement. C’est comme mes enfants. Je les aime tous ! (rires)

L&T: Quand vous avez composé, vous avez pensé tout de suite à la scène. Vous avez écrit pour la scène ?
Lucie: Non pas du tout ! Mais dès les premiers concerts, Je me suis rendue compte que c’était mieux de faire simple et efficace. Maintenant quand je compose, j’en tiens compte. Je simplifie à mort. Je compose aussi des morceaux où je ne joue pas forcément de la guitare. Car c’est agréable aussi de pouvoir juste chanter, bouger sur scène, danser.

L&T: Vous avez déjà des dates prévues? Où va-t-on vous retrouver ?
Lucie: Oui ça y‘est ça commence ! On est en train de tout planifier ! Ca sera un peu partout à priori ! Je vous le dirait dès que ça sera fait, sur mon compte instagram @iamluciesue. On va commencer par la tournée des bars et bientôt, la tournée des stades ! Quoi ? Don’t stop believing ! C’est Journey qui l’a dit.

L&T: Une dernière question qui n'a rien à voir avec les autres : quel est le dernier morceau, ou le dernier album que vous avez écouté ?
Lucie: Hahahahaha, je vais passer pour une débile mais c’est pas grave : tout à l’heure j’ai écouté le générique du dessin animé Cosmocats. (rires)

L&T: Merci beacoup pour cette interview
Lucie: Merci Yann !


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L&T Le 11.03.2023
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Photo: Justin Badenhorst

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