interview
Ahasver
Rencontre aujourd'hui avec le groupe toulousain "Ahasver". Ils nous parlent de leur premier album "Causa Sui " sorti en septembre. Un album où le mythe côtoie le religieux. Un voyage sur les errances de Ahasver à travers les siècles.
L&T: Salut. Alors avant de commencer, présentez-nous "Ahasver" ?
A: Salut Yann, notre projet est composé de 5 personnes, nous venons tous de la scène Metal à Toulouse. Notre premier album « Causa Sui » est sorti chez Life Force Records le 16 septembre 2022.
L&T: Comment vous en êtes arrivés au choix de ce nom ?
A: Julien (Guitare – voix) est guide de conférence historique et travaille dans pas mal de ville en France. Lors d’un voyage, il a déniché un essai basé sur une thèse « Le mythe du Juif errant ». Il raconte l'histoire apocryphe d'AHASVER un cordonnier qui a rabroué et injurié Jésus alors qu'il s'appuyait sur sa maison chargée de sa croix lors de son ascension vers le mont Golgotha. Jésus-Christ lui dit alors : "Je vais m'arrêter et me reposer, et toi, tu continueras ton chemin". AHASVER déposa alors son enfant sur le sol et suivit l'ascension du Christ. Il le vit mourir et fut banni et condamné à errer dans le monde. C’est un des premiers mythes autour de la vie éternelle.
L&T: Qui est passionné de mythe et plus particulièrement de celui-ci ?
A: Nous sommes tous plus ou moins férus de mythes et de légendes et de tout ce qui peut renforcer le sens de notre époque. Celui-ci nous semblait faire un bon lien entre le passé et le présent. Mais les mythes dans notre réalité physique, c’est clairement le travail de Julien.
L&T: On va parler de votre dernier album "Causa Sui". Quelle est la signification de ce titre ?
A: « Causa Sui » c’est l’auto-causalité, souvent attribuée au concept de « Dieu » qui est censé être la raison première de sa propre existence. Il ne peut pas être créé sinon il n’est plus « Dieu ». Ramenée au destin des individus, on peut faire un parallèle entre nos vies, la responsabilité d’un hasard trop complexe pour être imaginé et la pleine conscience nécessaire pour vivre en harmonie dans ce monde.
L&T: Où nous entraînez-vous avec cet opus ?
A: Nous vous embarquons dans les méandres de l’errance d’AHASVER à travers le temps, jusqu’à nos jours. Les titres des chansons, tels des chapitres n'ont qu'un seul nom. Pourquoi ? Chaque mot utilisé essaye de représenter l’essence du titre et peut-être compris comme le concept unique du morceau.
L&T: Quels thèmes vous développez ou vous abordez ?
A: Les thèmes abordés dans l’album sont les titres des morceaux ramenés à leur valeur onirique. "Path" parle du chemin entre ce qu’on pense être et ce qu’on est vraiment, par exemple. L'essai d'Edgar Knecht sur lequel est basé le concept traite de la mythologie littéraire et la sociologie religieuse et date de 1977. Il explique et suit l'histoire des éditions de livres à travers les mythes qui ont traversé l'Europe au début du siècle et explique comment il a été possible pour les chroniques de se répandre à notre époque. Il explique également comment et pourquoi ce mythe a été repris sur plusieurs siècles par différents auteurs et a contribué au développement commercial de l'impression de livres en démocratisant la technologie grâce au succès d'une histoire populaire.
Nous avons trouvé intéressant que notre élan temporel soit à la croisée des chemins avec les plateformes de streaming et les supports physiques de la musique, j'ai donc commencé à écrire le conte d'Ahasver de mon point de vue, c'était une façon de poursuivre le travail de nombreux auteurs inconnus avec une perspective différente.
L&T: On parle de metal prog, mais on est quand même beaucoup plus sombre, comment vous pourriez le définir musicalement ?
A: Ce disque est la synthèse de nos personnalités. Nous avons tous joué dans plusieurs groupes et fait beaucoup de scène dans des styles très différents.
Nous avons tous 35/45ans, nos influences sont nourries de tout ce qui a composé le paysage musical depuis toujours.
Vous venez tous de différents groupes différents, c'est la pandémie qui vous a réuni ? Le besoin de continuer à créer et à jouer ?
A: Le projet a démarré bien avant la pandémie, mais cette longue période nous a permis de faire tout ça sans stress avec l’attention nécessaire pour produire un bon disque.
L&T: Une question bête, mais est-ce que vous jouez avec Ahasver de la musique que vous ne pourriez pas jouer avec vos groupes ?
A: Ce n’est pas une question bête, quand on a monté Ahasver on avait une vague idée de ce que nous voulions faire, mais nous ne savions pas ce que nous allions écrire, tout a été fait au fur et à mesure, donc la réponse à ta question est non.
L&T: Cet album, a-t-il été composé pour la scène ?
A: Cet album a été composé pour exprimer un état d’esprit, une manière de voir le monde. Nous aimons tous jouer sur scène, mais pouvoir exprimer tout ça devant le public n’est venu que bien après l’écriture de la majorité des morceaux.
L&T: Cet album, est-il le premier d'une série ? Il y en aura-t-il d'autres qui suivent cette "errance" de Ahasver ?
A: Nous avons bien évidemment beaucoup d’idées pour continuer ce récit, l’histoire de l’humanité est riche. Inch Allah.
L&T: Dernières questions rituelles pour conclure cette interview : pouvez-vous définir le groupe "Ahasver" en 2 ou 3 mots ?
A: La résilience dans l’acceptation de soi et des autres dans le monde pourrait être la synthèse parfaite entre l’histoire des membres du groupe et le concept qui l’habite.
L&T: Et pour terminer : quel est le dernier morceau ou le dernier album que vous avez écouté ?
A: Le dernier album de Radar Men From The Moon : The Bestial Light
L&T: Merci beaucoup pour cette interview.
A: Merci à toi.
https://ahasverlfr.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/AHASVERBAND
L&T Le 13.11.2022
L&T: Salut. Alors avant de commencer, présentez-nous "Ahasver" ?
A: Salut Yann, notre projet est composé de 5 personnes, nous venons tous de la scène Metal à Toulouse. Notre premier album « Causa Sui » est sorti chez Life Force Records le 16 septembre 2022.
L&T: Comment vous en êtes arrivés au choix de ce nom ?
A: Julien (Guitare – voix) est guide de conférence historique et travaille dans pas mal de ville en France. Lors d’un voyage, il a déniché un essai basé sur une thèse « Le mythe du Juif errant ». Il raconte l'histoire apocryphe d'AHASVER un cordonnier qui a rabroué et injurié Jésus alors qu'il s'appuyait sur sa maison chargée de sa croix lors de son ascension vers le mont Golgotha. Jésus-Christ lui dit alors : "Je vais m'arrêter et me reposer, et toi, tu continueras ton chemin". AHASVER déposa alors son enfant sur le sol et suivit l'ascension du Christ. Il le vit mourir et fut banni et condamné à errer dans le monde. C’est un des premiers mythes autour de la vie éternelle.
L&T: Qui est passionné de mythe et plus particulièrement de celui-ci ?
A: Nous sommes tous plus ou moins férus de mythes et de légendes et de tout ce qui peut renforcer le sens de notre époque. Celui-ci nous semblait faire un bon lien entre le passé et le présent. Mais les mythes dans notre réalité physique, c’est clairement le travail de Julien.
L&T: On va parler de votre dernier album "Causa Sui". Quelle est la signification de ce titre ?
A: « Causa Sui » c’est l’auto-causalité, souvent attribuée au concept de « Dieu » qui est censé être la raison première de sa propre existence. Il ne peut pas être créé sinon il n’est plus « Dieu ». Ramenée au destin des individus, on peut faire un parallèle entre nos vies, la responsabilité d’un hasard trop complexe pour être imaginé et la pleine conscience nécessaire pour vivre en harmonie dans ce monde.
L&T: Où nous entraînez-vous avec cet opus ?
A: Nous vous embarquons dans les méandres de l’errance d’AHASVER à travers le temps, jusqu’à nos jours. Les titres des chansons, tels des chapitres n'ont qu'un seul nom. Pourquoi ? Chaque mot utilisé essaye de représenter l’essence du titre et peut-être compris comme le concept unique du morceau.
L&T: Quels thèmes vous développez ou vous abordez ?
A: Les thèmes abordés dans l’album sont les titres des morceaux ramenés à leur valeur onirique. "Path" parle du chemin entre ce qu’on pense être et ce qu’on est vraiment, par exemple. L'essai d'Edgar Knecht sur lequel est basé le concept traite de la mythologie littéraire et la sociologie religieuse et date de 1977. Il explique et suit l'histoire des éditions de livres à travers les mythes qui ont traversé l'Europe au début du siècle et explique comment il a été possible pour les chroniques de se répandre à notre époque. Il explique également comment et pourquoi ce mythe a été repris sur plusieurs siècles par différents auteurs et a contribué au développement commercial de l'impression de livres en démocratisant la technologie grâce au succès d'une histoire populaire.
Nous avons trouvé intéressant que notre élan temporel soit à la croisée des chemins avec les plateformes de streaming et les supports physiques de la musique, j'ai donc commencé à écrire le conte d'Ahasver de mon point de vue, c'était une façon de poursuivre le travail de nombreux auteurs inconnus avec une perspective différente.
L&T: On parle de metal prog, mais on est quand même beaucoup plus sombre, comment vous pourriez le définir musicalement ?
A: Ce disque est la synthèse de nos personnalités. Nous avons tous joué dans plusieurs groupes et fait beaucoup de scène dans des styles très différents.
Nous avons tous 35/45ans, nos influences sont nourries de tout ce qui a composé le paysage musical depuis toujours.
Vous venez tous de différents groupes différents, c'est la pandémie qui vous a réuni ? Le besoin de continuer à créer et à jouer ?
A: Le projet a démarré bien avant la pandémie, mais cette longue période nous a permis de faire tout ça sans stress avec l’attention nécessaire pour produire un bon disque.
L&T: Une question bête, mais est-ce que vous jouez avec Ahasver de la musique que vous ne pourriez pas jouer avec vos groupes ?
A: Ce n’est pas une question bête, quand on a monté Ahasver on avait une vague idée de ce que nous voulions faire, mais nous ne savions pas ce que nous allions écrire, tout a été fait au fur et à mesure, donc la réponse à ta question est non.
L&T: Cet album, a-t-il été composé pour la scène ?
A: Cet album a été composé pour exprimer un état d’esprit, une manière de voir le monde. Nous aimons tous jouer sur scène, mais pouvoir exprimer tout ça devant le public n’est venu que bien après l’écriture de la majorité des morceaux.
L&T: Cet album, est-il le premier d'une série ? Il y en aura-t-il d'autres qui suivent cette "errance" de Ahasver ?
A: Nous avons bien évidemment beaucoup d’idées pour continuer ce récit, l’histoire de l’humanité est riche. Inch Allah.
L&T: Dernières questions rituelles pour conclure cette interview : pouvez-vous définir le groupe "Ahasver" en 2 ou 3 mots ?
A: La résilience dans l’acceptation de soi et des autres dans le monde pourrait être la synthèse parfaite entre l’histoire des membres du groupe et le concept qui l’habite.
L&T: Et pour terminer : quel est le dernier morceau ou le dernier album que vous avez écouté ?
A: Le dernier album de Radar Men From The Moon : The Bestial Light
L&T: Merci beaucoup pour cette interview.
A: Merci à toi.
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L&T Le 13.11.2022
