interview

Victor (Festival 666)
Rencontre avec Victor, l'organisateur du Festival 666 qui se déroule au mois d'Août à Cercoux en Charente Maritime et qui attire de plus en plus de monde. Que ce soit le public, mais aussi les groupes de metal français bien sûr, mais aussi étrangers. Une belle réussite pour ce bonhomme d'une vingtaine d'année qui a beaucoup d'ambition pour développer encore plus ce festival...

L&T: Salut Victor. Ce n'est jamais évident de présenter un festival, mais bon, tu peux nous présenter le Festival 666 ?
Victor: (rire) Salut. Alors je m'appelle Victor et je suis l'organisateur du festival 666 que j'ai créé quand j'avais 15 ans en 2018. Après plusieurs Hellfest, notamment celui de 2017, je me suis demandé comment faisait les organisateurs pour créer de telles manifestations à Clisson. Et j'ai regardé ce que cela pourrait donner, à une moindre échelle bien entendu, à Cercoux Charente-maritime. Du coup, je suis allé taper à la porte de Madame la maire et elle a tout de suite adhéré à l'idée. Et en août 2018, j'ai pu faire la première édition avec Tagada Jones, Laura Cox, Headcharger et The Decline entre autres.

L&T: C'est vraiment bien d'avoir une maire, mairesse qui adhère au projet d'un festival de musique extrême parce que le métal n'a pas tout le temps une bonne réputation même si c'est totalement faux ?
Victor: La mairesse est jeune et c'était son premier mandat à l'époque où je suis allé la voir. Et elle voulait, elle aussi, un peu d'animation, car il faut reconnaître que Cercoux est un milieu très très rural et il n'y a pas grand-chose qui bouge dans les alentours. Donc, vraiment, elle a tout de suite adhéré à l'idée de créer un bel événement dans la région. Alors, c'est vrai, qu'elle était un peu réticente à l'idée d'accueillir des métalleux, mais dès la première édition, elle-même et les riverains se sont aperçus que les métalleux, comme d'habitude, sont très gentils et très ouverts d'esprit.

L&T: On pourrait se dire, un festival au mois d'août ne va pas attirer grand monde, mais le Festival 666 fait mentir un peu cet adage ?
Victor: Oui. Mais nous, on a une jauge de 2000 personnes par jour donc c'est très correct. Et même si ça commence à être un bon chiffre, ça reste un petit festival quand même. Alors pourquoi on a voulu faire le festival au mois d'août ? C'est tout simplement parce qu'on est des étudiants et on ne peut pas le faire au mois de juin du fait des examens qu'on a à passer et en juillet quelquefois, il peut y avoir aussi des rattrapages. De plus cela ne nous aurait laissé qu'un mois pour tout mettre en place, donc le mois d’août était plus approprié. Un bon compromis avant la rentrée des classes.

L&T: Oui, et au mois de juillet, il y a aussi beaucoup de festivals donc ce n'est pas évident de caser une date parmi tous.
Victor: Oui, c’est vrai.

L&T: Tu sais combien de spectateurs, vous avez attiré à peu près depuis la 1re édition ?
Victor: C'est une bonne question. C'est vrai que je n'ai jamais fait le calcul et si tu veux, on peut le faire ensemble. On a eu 450 personnes en 2018 avec une capacité maximale de 600. En 2019, on a fait "sold out" avec 600 personnes, et c'était un festival sur deux jours. Et en 2021, on était à 1500 personnes par jour. On était complet, là-aussi, avant l'ouverture des portes. Donc ça fait déjà 3 000 + 600 et 450 soit 4 500 festivaliers sur l'ensemble des différentes éditions.

L&T: C’est une belle réussite, surtout si on regarde sur une carte, vous n’êtes pas vraiment près des grands axes, donc ce n’est pas évident d’attirer tout le monde là-bas ?
Victor: Oui, tu as raison. On est loin des influences urbaines. On est suffisamment loin de Bordeaux pour être en milieu rural. Pareil, on est loin de Saintes, Angoulême et La Rochelle. On est vraiment dans un petit creux et donc, oui, on est très content d'attirer du monde.

L&T: Sachant qu’en plus la région bordelaise n’est pas non plus très très métalleuse.
Victor: C’est vrai.

L&T: Cette année encore, une superbe affiche avec une grande majorité de groupes français, qu'est ce qui fait qu'ils viennent tous chez vous ?
Victor: Les groupes français ? En fait, on a à cœur de promouvoir la scène française. C'est notre objectif depuis le début du festival. C'est pour cela, comme tu l'as dit, qu'ils sont presque tous venus chez nous. Mais cette année, il faut reconnaître qu'on a quelques groupes internationaux à l'affiche. J'avais envie de faire passer au festival une étape supérieure. Et de montrer de quoi on était capable. D'où la présence de Alestorm, Dog Eat Dog, Lionheart, Get The Shot etc. J'avais vraiment envie que le festival passe un cap et progresse. Mais en gardant quand même comme objectif la promotion de la scène française. C'est pour ça qu'on essaie d'avoir le plus de groupes français possible. En 2021, effectivement, il n'y avait quasiment que des groupes français et c’est vrai qu’il y avait eu également Phil Campbell, mais c’est lui qui nous avait demandé de venir jouer. Donc on ne pouvait pas refuser (rire). Mais c'est vrai que l'objectif cette année-là était de n'avoir que des groupes français.

L&T: Vous avez mis en place un système un peu particulier, cette année : "une invitation en VIP" pour certains spectateurs, tu nous en parles ?
Victor: Oui oui bien sûr. On s'est rendu compte que certains festivaliers venaient au festival depuis nos débuts en 2018. Ils ont fait toutes les éditions, et même notre soirée "off" à La Rochelle en 2022. Et donc on a eu envie de remercier ces gens qui sont là depuis le début. Pas ceux qui ne sont venus qu'une seule fois, on les en remercie bien entendu, mais bien ceux qui sont venus plusieurs fois au festival. Et donc, on a voulu leur proposer de devenir des fidèles du festival. Et ceux qui ont pu nous envoyer par mail la preuve qu'ils ont été présents à, au moins, 3 éditions sur les 4 qu’on a organisées, on pourrait les “surclasser” en VIP. Une reconnaissance envers leur soutien.

L&T: J'ai vu que 60 % des pass (au moment de cette interview NDLR) pour cette année sont écoulés, c'est une bonne chose, ou bien ça te fait un peu peur ?
Victor: Non non, ça va. On est rassuré. Tu n’es pas sans savoir que le monde des évents a changé depuis le Covid et les salles et les festivals peinent à se remplir. Donc nous, on est très content d'être à 60 %, et à même 65 % depuis la publication du communiqué. Donc c'est rassurant pour l'organisateur et puis c'est motivant de savoir qu'on est soutenu.

L&T: Est-ce que tu sais à partir de quel pourcentage de remplissage tu couvres les frais pour ce festival ?
Victor: Notre capacité maximum est de 2000 personnes, mais on sait qu'on va égaliser notre budget à partir de 1500.

L&T: Justement, quel est le budget d'un tel festival ? Sans donner de chiffres, les cachets représentent quel pourcentage du budget ?
Victor: Comme je te le disais tout à l'heure, on a vraiment voulu hausser le niveau en termes de programmation artistique. Et effectivement tout cela a un coût. Pour cette édition 2023, si on englobe les artistes, la technique, la scène, le son, les lumières et tout ce qui est autour, donc notre budget global pour 2023 est de 300000e.

L&T: Vous êtes aidés par les institutions ?
Victor: On essaie d'être autonome financièrement. Le but étant que, si une subvention ne tombe pas l'année suivante, cela ne porte pas préjudice. Alors, évidemment, on fait des demandes de subventions. Si elle tombe tant mieux, mais on essaie, comme je te l'ai dit, d'être vraiment autonome et de ne pas dépendre d'elles.

L&T: Vous ne courrez pas vraiment après?
Victor: Disons qu’on fait un budget sans et un budget avec, et après, en fonction, on avise. Ensuite, la mairie de Cercoux nous prête tout gratuitement. Ce qui est déjà incroyable. Tu vois, par exemple, on ne paye pas l'électricité. La mairie est vraiment à fond derrière nous dans ce projet. Elle nous prête le terrain et les infrastructures. Vraiment, on se sent soutenu par la mairie de Cercoux. Et on est vraiment conscient que c'est une chance inouïe qu'on a.

L&T: Je lisais que vous étiez labellisés "Sites en Scènes", à quoi cela correspond ?
Victor: La labellisation "Sites en Scènes", c'est une reconnaissance du département de Charente-Maritime Et on est très content d'avoir ce label. En fait, ça correspond aux événements que la Charente-Maritime souhaite promouvoir.

L&T: C’est bien, car comme on l’a dit auparavant, la musique metal et extrême pourrait avoir des réticences au niveau des instances régionales ?
Victor: C'est d'ailleurs pour ça qu'ils ont souhaité nous intégrer dans ce label. Car ils ont bien vu que l'offre que l'on propose sur le territoire est unique. On est le seul festival métal de Charente-Maritime qui attire autant de monde. Et, en plus, on est des jeunes organisateurs donc ça change effectivement des formats classiques.

L&T: Combien de temps vous bossez pour mettre en place le festival ?
Victor: Cela prend 13 mois pour tout organiser (rire). J'ai déjà commencé à réfléchir à quelques noms pour l’édition 2024 alors que 2023 n’est même pas encore commencée. Sinon toute l'année, on est une quinzaine de bénévoles à faire des réunions toutes les deux semaines et le jour J on est plus d'une centaine de bénévoles. Et là, on est plus qu'à quelques jours du festival et on est vraiment dans le rush.

L&T: Est ce que vous avez le temps de vous "reposer" après l'édition ?
Victor: Oui, parce que tu vois l'édition se fait les 11, 12, et 13 août. Et donc on bénéficie du pont du 15 août. Et ensuite, après, on a encore une bonne semaine de vacances avant de retourner en cours.

L&T: C'est vrai que ça a été un argument le fait d'avoir le pont du 15 août juste derrière un festival et vous pourrez vous reposer !!
Victor: (rire) Oui et en plus Saint-Émilion n'est qu'à une vingtaine de minutes de Cercoux, donc on pourra aller faire les vignes aussi. (rire)

L&T: C’est un bel argument ça aussi (rire). On s'était déjà rencontré pour une interview en 2021, et tu m'avais dit, à l'époque, que ce n'était pas sûr que tu continues à t'occuper de tout ça car c'était très épuisant et que ça prenait tout ton temps. Finalement, tu es encore là, la passion l'a emporté ?
Victor: (rire) J'en dis des choses (rire). C'est vrai qu'en 2021 j'étais un peu fatigué et j'en avais même redoublé ma première année de fac de droit du fait de l'organisation du festival. Alors, certes, c'est ultra passionnant et j'aimerais vivre plus tard de l'événementiel en France. Et j'aimerais amener ce festival le plus loin possible bien évidemment. Toutefois, c'est compliqué de gérer la fac et le festival et quelquefois, je me suis demandé si je ne devais pas déléguer certaines tâches ou certains rôles que j'ai à faire, qui sont ceux que je préfère bien sûr (rire). Et je n'ai pas très envie de les lâcher.

L&T: Est-ce que tu as le temps de regarder, peut être pas tous les concerts, mais au moins quelques concerts pendant une édition ?
Victor: Alors depuis 2018, je cours partout pendant et à la fin, je suis incapable de te dire tout ce que j'ai fait. Et comme tu le dis, je ne vois jamais aucun concert. Alors, depuis 2021, j'ai pris la décision de regarder un concert si possible par jour, mais au moins un par week-end. C'est un moment où je ne parle à personne, où on ne m'appelle pas. C'est vraiment mon moment de détente et je vais voir un concert. L'année dernière, j'étais allé voir le concert de Mass Hysteria. Je suis allé dans les pogos pour me défouler parce que j'ai besoin de faire un break.

L&T: Dernière question qui n'a rien à voir avec les autres : quel est le dernier titre ou le dernier album que tu as écouté ?
Victor: Hou là. En ce moment j’écoute beaucoup Hatebreed l’album de 2016 “The Concrete Confessional”.

L&T: Merci beaucoup pour cette interview. Bon courage et bon festival surtout.
Victor: Merci beaucoup à toi. 


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L&T Le 30.07.2023
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