interview

Forest In Blood
Rencontre avec Elie, chanteur du groupe Forest in Blood. Il nous parle de leur nouvel opus "Abyss", dernier épisode de leur trilogie consacrée à la piraterie. Un album plus dense, plus sombre avec une touche de groovy. Une belle rencontre avec un des plus anciens groupes de la scène trash hardcore.

L&T: Salut Elie, un petit retour avant de commencer sur qui est "Forest in Blood", un des "vieux" groupes de thrash et hardcore français ?
Elie: Le groupe s'est créé dans sa version définitive en 1998. On est tous fans de Trash, on est tous de la région parisienne et on aimait les groupes de cette scène de l'époque comme Madball par exemple. Et ça fait maintenant 25 ans.

L&T: Musicalement, on reste dans cette mouvance "thrash et hardcore" voir même brutal hardcore ou bien vous vous définissez autrement ?
Elie: Non. On reste toujours dans cette mouvance. Même si nos influences ont évolué avec les années. On a toujours Slayer forcément. Mais il y a un peu plus de Sepultura avec des passages par Machine Head. Mais pour cet album, on est plus dans un metal groovy, même si on garde nos racines. Même si c'est vrai que je trouve qu'il y a un peu plus de Sepultura dans ce qu'on fait. Enfin moi, je trouve (rire)

L&T: "Abyss", votre nouvel album est donc le dernier épisode de la trilogie consacré à la "Piraterie", 3 ans après "Haut et court", présente nous ce nouvel opus ?
Elie: Comme tu le dis, "Abyss" est la fin de la thématique. Le 1er opus, c'était "Pirates", sorti en 2018. Puis "Haut et court" et maintenant "Abyss". Le 1er album était consacré aux pirates. "Haut et court", c'était l'âge d'or de la piraterie et on était parti sur quelque chose de plus hardcore, plus punk. Et on termine avec "Abyss", qui est un album plus sombre, plus lent. C'est la fin de la piraterie. L'âge d'or de la piraterie a duré 10 ans. Période durant laquelle les gars faisaient n'importe quoi, ils étaient totalement "free" si tu veux. Et finalement, il fallait bien que ça s'arrête un jour, c'est un peu le thème du dernier album.

L&T: C'est ce côté "liberté totale" qui vous a plus dans ce thème des Pirates ?
Elie: Oui, c'est ça. Mais il ne faut pas oublier que la piraterie a été aussi à l'origine de la constitution et de la république. Liberté, Égalité, Fraternité. Tout ce qu'on vit maintenant. Partage, circulation des biens, des gens. Enfin, à notre époque, partage, mais pas trop quand même (rire). Les riches sont riches et les pauvres restent pauvres. C'est le partage, mais pas avec tout le monde.

L&T: Qu'est-ce que vous allez faire après ? Vers où allez-vous nous entraîner ?
Elie: On commence à parler de la thématique du prochain album. On va aller vers quelque chose d'un peu plus fédérateur. On a constaté dans les derniers festivals qu'on a fait, qu'au niveau du public, ça avait beaucoup changé. Il y a beaucoup de mixité dans les styles représentés, dans les origines des gens, leur culture musicale... Quand je suis arrivé en 1998, j'étais quasiment le seul black dans ce style de musique. Même dans les spectateurs, il n'y en avait pas beaucoup non plus. Et c'est cool qu'il y ait eu cette évolution. Même au niveau des femmes qui sont de plus en plus nombreuses que ce soit en spectatrices qu'en tant qu'artistes. Et ça, c'est vraiment bien. Et ce nouveau public, et ce nouveau brassage nous inspirent. Et puis on ne s'éloigne pas tant que ça de la piraterie où, là aussi, tu devrais de tout. Énorme brassage de personnes. Ce serait une sorte de continuité. Mais pour l'instant, on en est au stade des discussions.

L&T: Un nouveau line-up, un son toujours aussi puissant et racé, comment vous avez bossé pour cet album, qui fait quoi ?
Elie: Oui, un nouveau line-up. Pierre a été remplacé par Arthur et Vincent a remplacé Hervé, guitariste historique qui était là depuis 25 ans. Ils sont arrivés avec leurs influences, leur façon de composer. Même si dans Foret, tout le monde compose. Chacun apporte ses morceaux et on débat.

L&T: On reste toujours dans le partage, même dans le travail de compositions ?
Elie: Oui. C'est la règle de base du groupe. Si tu veux jouer avec nous, il faut s'investir.

L&T: 10 Titres, un album qui semble court, mais plus long de 5 mn que le précédent, avec un titre "Battlefield" qui fait plus de 5 mn de puissance et de rage. Mais mises à part les intros "Abysses" et Ténèbres", va falloir être physique pour bouger pendant tout un show !!
Elie: C'est clair (rire). C'est vrai que sur scène, c'est plutôt physique. C'est un album de scène. Il a été composé pour ça. Donc, il faut être préparé (rire). 

L&T: Je confirme. Bouger sur tout le morceau "Battlefield", il va falloir être entraîné !!
Elie: Oui. Mais il y a une accalmie d'une minute dans le morceau, donc ça va (rire). Tu as le temps de récupérer un petit peu.

L&T: On retrouve des titres en français et en anglais (il y avait un titre aussi sur Haut et Court.), pourquoi ce choix ?
Elie: La piraterie était dominée par les Français. Et elle était contestée par les Anglais. Donc, comme on voulait rendre hommage, on l'a fait en français.

L&T: Beaucoup de personnes disent que le "français" ne sonne pas bien sur du hardcore, vous démontrez le contraire, même si ça doit être un peu moins évident à l'étranger ?
Elie: Le truc qu'il y a en France, j'en ai parlé avec Etienne (Sarthou ndlr), qui a fait notre enregistrement. On a débattu là dessus. Le problème avec le metal et plus encore dans le hardcore, c'est que pour les Américains par exemple, ce n'est pas du tout une musique à texte. Mais nous, en France, il ne faut pas que ça sonne "bête" tu vois. Il faut qu'il y ait du texte, que ce soit bien écrit. Même si ce n'est pas parce qu'il y a un beau texte que ça sonnera bien. Il faut arriver à trouver un juste-milieu entre les deux. Et sur cet album, je pense que je n'ai pas fait un truc trop salace (rire). Si, quand tu fais du metal, tu écris des textes trop pauvres, tu passes pour un guignol. Et si tu fais des textes "compliqués", tu passes aussi pour un guignol (rire). Donc il faut arriver à trouver le juste milieu. Ou savoir passer pour un guignol (rire).

L&T: Quels thèmes vous développez sur cet album ?
Elie: C'est la fin de la piraterie. C'est le chaos. Les gars sont prêts à aller jusqu'à la mort pour essayer de sauver leur liberté. Ils savent que c'est la fin, mais ils iront jusqu'au bout.

L&T: Vous avez travaillé avec Etienne Sarthou (Aqme, Karras, Delivrance…) et aussi pour le master avec Alan Douches (Mastodon, Hatebreed, Pantera …), vous avez tapé dans le haut niveau, vous recherchiez quoi, un nouveau son ?
Elie: Effectivement, on cherchait un son qui fasse plus moderne. C'est ce que nous a apporté Etienne. Ensuite, pour le master, on nous avait proposé 3 personnes et on a choisi Alan, car on pensait, à juste titre, qu'il pouvait vraiment apporter quelque chose. Quand il nous a envoyé les premières ébauches, on a fait Wouah !! Et quand il nous a envoyé le final, on a fait Wouah !! Et surtout ça a été très très vite. En une semaine, ça a été plié. C'est incroyable.

L&T: Et qu'est-ce qu'ils vous ont apporté ?
Elie: Etienne nous a apporté une certaine rigueur. Il ne laisse rien passer. Il est franc, mais ça passe crème, tu vois (rire). Il a été plus dur sur le chant. Sur l'articulation, la prononciation et sur l'accent surtout. Il a été intransigeant là-dessus.

L&T: Il t'a aidé à progresser ?
Elie: C'est ça. 25 ans après, quand tu écoutes, tu te dis que ce n'est pas le même chanteur.

L&T: Justement, en 25 ans d'existence, certes avec une coupure, quelles évolutions vous notez depuis vos débuts ?
Elie: Le chant justement. Je trouve que c'est un peu moins fou, moins brouillon. Le 1er album, ça part dans tous les sens. Bon, par contre, il y a une super énergie. Après, on a vieilli, on a mûri. On est plus posé. On joue mieux. Enfin, j'espère (rire).

L&T: Vous travaillez peut-être beaucoup plus vos compos ?
Elie: Étonnamment non. Avant, on était célibataire, donc on se retrouvait 3 ou 4 fois par semaine. Maintenant, on répète une fois par semaine. Et encore, je suis gentil. Mais on travaille plus chez soi. Mais, quand il y a des concerts, on travaille plus. On fait des résidences. Mais avant, c'était trop. On était à la limite du burn-out. Des 10 heures, parfois plus de répétitions par semaine, c'était vraiment trop. On en faisait trop et ça devenait n'importe quoi.

L&T: Par contre ça doit être compliqué de faire une set list de concert, qu'est ce qu'on retrouve sur scène ?
Elie: On retrouve un peu de tout. Effectivement, il y a plus de morceaux du dernier, mais on passe par tous les albums quand même.

L&T: Vous avez pas mal de merch, plus que beaucoup de groupes, ça marche bien ?
Elie: Oui, c'est vrai. Les gens achètent de moins en moins de CD. Mais ils aiment bien avoir de beaux produits. Des beaux tee-shirts, des shorts, des casquettes. Et en plus, on a des bons vendeurs de merch !! Et je suis assez content, ça marche bien. Et en plus, on a un partenariat avec la marque Crève. Ce sont eux d'ailleurs qui ont fait notre pochette d'album. Ils l'ont décliné en tee-shirts et en short.

L&T: On a une question rituelle pour terminer les interviews : quel est le dernier morceau ou le dernier album que vous avez écouté ?
Elie: Oh putain, la colle. Le dernier album que j'ai écouté, c'est Sepultura "Chaos A.D". Et pour le dernier morceau, c'était ce matin "Living Color" "Cult of Personnality".

L&T: Merci beaucoup pour cette interview. Et à bientôt sur une scène.
Elie: Avec plaisir. Merci à toi. C'était bien cool. 


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L&T le 09 Décembre 2023
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