interview
Heavylution
Rencontre avec le groupe Heavylution, qui, comme son nom l'indique, fait dans le Heavy-Power. C'est fort, c'est puissant, et leur nouvelle opus "The Cycle" en est un nouvel exemple. Un univers particulier qui fait réfléchir. A découvrir impérativement.
Bonjour, pouvez vous faire une petite présentation du groupe Heavylution ?
Bonjour Yann, Heavylution est une formation de heavy-metal fondée en 2006 dans la région de Saint-Etienne. Le groupe est actuellement composé de Laurent Descours à la batterie, Benjamin Vidal à la basse, Loïc Chalindar et Olivier Dupont à la guitare et Paul Eyssette au chant.
Très souvent, les groupes n'arrivent pas vraiment à se définir musicalement, vous on sait Heavy pur et dur, c'est ça ?
Eh bien, pas que (rire). Nous avons été fortement influencés par le heavy pur et dur comme tu dis, en particulier sur notre première démo "Metal Is Our Blood". Cependant au fil des années le style s'est enrichi et a évolué. On trouve donc des références à des formations plus mélodiques (Heavy-speed allemand ou italien), à certains des grands classiques du thrash, voir du Death pour certains membres du groupe qui se traduisent par des passages rythmiques parfois musclés. Sans rentrer dans les détails, notre spectre musical suivant les titres tape dans le heavy classique, le heavy speed, le heavy thrash et, dans l'intention seulement, développe parfois un aspect progressif, dans la construction de certains morceaux. Ce qui nous classe aujourd'hui généralement dans la catégorie heavy-power.
Vous existez depuis 2007, mais vous n'avez pas sorti beaucoup d'albums, 1 EP et 2 albums, ce n'est pas beaucoup ?
Effectivement, même s'il manque la démo 6 titres "Metal is our blood" (2008) que je viens de citer dans la discographie. En 2011 nous avons auto produit un EP intitulé "The Architect" et enregistré notre premier album "Children of Hat" en studio en 2015 qui nous a permis d'augmenter notre exposition et de sortir de notre région en nous produisant notamment jusqu'à Brest au "Destrock Fest" où nous allons retourner cette année. Le creux se situe entre cet album et celui qui vient de sortir, puisqu'ils ont 10 ans d'écart: "The Cycle&" vient de sortir en 2025. A partir de 2018, alors que le nouvel album était en cours, le groupe a subit des changements de line-up, et les membres actifs ont dû, en parallèle, composer avec une vie personnelle très chargée: le groupe a subit une période de ralentissement.
Lors de la remise en route on s'est concentré à terminer coûte que coûte cet album et à relancer la machine, ce qui a également pris du temps. Désormais, nous sommes de retour et on compte bien le faire savoir pour rattraper le temps perdu!
On va parler de "The Cycle", votre dernier album, où nous entrainez-vous avec cet opus ?
La première partie de cet album est un concept, basé sur la saga Fondation d'Isaac Asimov. Il s'agit d'une suite de livres de science fiction, un classique du genre. Nous avons composé 4 morceaux qui s'enchaînent chronologiquement et qui décrivent, en partie, cette saga qui traite d’une empire intergalactique ayant passé son apogée et dont le déclin est inévitable. Je ne vais pas résumer tout cela dans l'interview, ce serait trop long, cependant une solution à cela a pu être trouvée en créant les «fondations» d’une nouvelle civilisation dont les livres décrivent le développement. Il s'agit donc de la description d'un cycle de déconstruction / reconstruction de cette civilisation qui s'étend sur une échelle spatiale et temporelle énorme par rapport à ce que l'on vit aujourd'hui. C'est quelque chose d'assez géant, une épopée particulièrement épique.
Quels autres thèmes vous abordez ?
Hormis le thème de la fondation évoqué précédemment, la plupart des autres morceaux développent, comme souvent, une vision assez satyrique de la direction vers laquelle notre société se dirige, nourrie par les utopies ou dystopies que nous pouvons lire.
Un titre pivot dans tout cela est par exemple "Deadly Science" inspiré des écrits de Hubert Reeves, physicien et vulgarisateur, qui traite de l'avènement du nucléaire et de ce que nous avons pu en faire alors même que nous ne sommes arrivés, métaphoriquement parlant, à maitriser ce qui compose notre nature profonde. Dans la science fiction l'énergie nucléaire est omniprésente dans les vaisseaux, les bâtiments etc... Et est présentée parfois comme une source d'énergie infinie. Asimov évoque lui aussi dans un ses livres que certaines civilisations doivent reprendre à 0 suite à ce type de découverte... Ca passe ou ça casse, en somme. Et cela fait écho à des questions que posait lui-même Hubert Reeves en essayant d'expliquer le grand silence auquel nous sommes confrontés dans l'espace face à notre recherche de vie intelligente et développée technologiquement. Et une hypothèse est qu'à partir d'un certain stade...ça casse. Je simplifie à l'extrême, et il y en a d'autres bien entendu (rire).
Je suppose que toutes les compos sont pensées pour la scène, non ?
Il arrive que certains passages soient agrémentés de nappes ou de trop d'harmonies pour pouvoir être joués en l'état. C'est épisodique cependant, la plupart des titres effectivement sont pensés pour être joués et chantés sur scène avec le public. En revanche, il y a aussi une réalité : on ne peut pas jouer tous les titres de nos albums dans nos set-lists. Donc parfois: on se lâche en studio, se disant que si un jour on devait vraiment jouer telle ou telle chanson, on l'adapterait pour le live de toute façon.
La scène, c'est votre ADN ?
Oui, il me semble que tout groupe existe pour jouer live, non (rire)? Cela dit la compo est importante également, mais sans public, sans concerts, le groupe n'aurait pas existé longtemps... On apporte un soin particulier à relancer le public: on est là pour l'entendre chanter, crier, sinon, on ferait autre chose!
Comment vous travaillez ? Qui fait quoi dans le groupe ?
Au global, Paul compose une grande partie des arrangements et l’intégralité des textes. Cependant sur "The Cycle" il y a un peu plus de mix que sur l’album "Children of Hate" puisque "Rain of lies" a été composée avec Loïc, "Sacrifice" avec Benjamin, "Quest or Burden" avec Olivier et "Deadly Science" avec notre ancien bassiste Nicolas. Laurent a, bien sûr, apporté sa patte sur la partie rythmique, et a eu un rôle majeur dans cet album : il l'a produit! Il a monté le studio de mix / mastering: le GreyWolf Home Studio. En ce qui concerne le reste, organisation, démarchage, graphisme, promotion et autres aspects extra-musicaux permettant au groupe de vivre, c'est assez variable suivant les périodes et dispos et chacun.
Vous avez beaucoup tourné, avec pas mal de groupes, vous puisez beaucoup de toutes ces expériences ?
Nous avons eu la chance d'avoir eu des expériences assez variées en terme de live : beaucoup de bars et de salles associatives, particulièrement à nos débuts, mais aussi des opportunités de festivals et de premières parties qui nous ont permis de jouer sur de grandes scènes. On se rappelle par exemple de la première partie de "Paul Di Anno" (RIP...) ou encore de "LORDI". Quel frisson avant de rentrer sur scène!
Le travail préparatoire est différent et l'intéraction avec le public également. En revanche, il y a une constante dans tout ça : il faut être bon musicalement et être à fond, quelle que soit la taille de la scène. Aucun concert ne se déroule de la même façon, même lorsqu'on est rodé. Alors il faut aimer se lancer et aller au charbon comme on dit à Saint-Etienne (rire)!!
Votre musique est hyper physique donc je suppose que sur scène, c'est la même chose, vous vous entraînez pour tenir le rythme ?
Effectivement, c'est assez physique. Non seulement on se doit être au point rythmiquement pour les instrus, tenir la cadence, mais aussi pour intéragir avec le public et bouger sans s'épuiser au bout de 3 titres. L'attitude Heavy / Rock N' Roll suppose de ne pas jouer sa partie dans son coin pendant 1H! C'est ce que l'on aime chez les groupes qui nous ont influencé, cela nous semble naturel. On se prépare techniquement et on s'échauffe: une part de fatigue peut provenir d'une mauvaise technique, limitant donc notre marge de manœuvre une fois sur scène. Ensuite, les répètes évidemment, et quelques résidences pour se mettre en conditions et travailler le jeu de scène, observer son impact sur notre performance générale. Et le jour J, il faut tout simplement être en forme. Autant dire qu'avant les concerts on évite de prendre une cuite ou de s'en mettre plein le cornet!
Quelles évolutions vous notez depuis les débuts du groupe: musicale ou autres ?
Musicalement, le style s'est enrichit comme je le disais au début. On a progressé techniquement et le fait que Paul qui était à l'origine guitariste-chanteur ait posé la guitare (2010) a permis d'avoir une certaine liberté sur les 2 instruments, les dissociant plus facilement. La qualité des rythmiques et du chant y a gagné un peu, forcément. Une partie des arrangements est devenue un peu plus complexe également avec le temps. En ce qui concerne les concerts, à force d'expériences, on apprend à se placer différemment sur scène, à vivre aussi le live avec plus de spontanéité et à s'autocritiquer sans que cela ne soit accablant: tous les concerts comportent leur lot d'imprévus. Ca fait partie du jeu, on ne peut pas toujours être au top d'ailleurs et il faut savoir en rire après coup!
J'adore vos pochettes d'album, la dernière claque vraiment. Qui a eu l'idée ?
On te remercie, et on est bien d'accord avec toi : cette pochette claque! C'est simple, nous avons envoyé les titres de l'album en phase de pré-mix avec un pdf précisant les thèmes principaux des paroles et nous avons laissé Stan W Decker notre graphiste s'occuper du reste. Le premier jet nous a bluffé! Il a orienté la pochette sur le thème du "Cycle Fondation" en l'occurrence. Après quelques ajustements mineurs, le job était fini.
Merci beaucoup pour cette interview.
C'est nous qui te remercions ainsi que tous ceux qui soutiennent le milieu underground et les groupes français!
https://www.facebook.com/heavylution
L&T le 23.07.2025

